COUVERTUREparade


Lorsque je vois passer une personne dans la rue, je me demande rarement d’où elle vient et où elle va. Elle passe, c’est tout. Me le demanderais-je que je n’en saurais guère plus. À moins d’inventer.

Je fais cette remarque banale pour insister simplement sur des thèmes qui me sont chers. Des thèmes touchant à la création artistique, au moment présent, c’est-à-dire à la conscience d’être absent du passé et de l’avenir. C’est une manière compliquée de dire le bonheur d’être là où je suis. Même si ce bonheur est teinté d’inquiétude.

L’esthétique du fragment détermine la totalité de l’art contemporain. Elle exprime la conscience du chantier permanent fait de l’accumulation d’images et d’événements hétéroclites que représente l’actualité.

L’idée du « Grand dérangement » évoque à mes yeux une sorte de déménagement et d’exil plutôt qu’un état de démence sociale. Mais je vois bien que ces deux formes d’agitation procèdent du même mouvement des choses, au point où nous en sommes de l’exploitation anarchique et barbare des ressources de l’humanité.

La société capitaliste n’a plus ni raison ni morale.

« Le Grand dérangement » comme titre est emprunté, ainsi nommé, à la déportation des Acadiens par les Anglais en 1755. Des Acadiens se sont retrouvés exilés dans le Poitou où j’ai séjourné pour écrire ce livre.



Dominique Angel est né en 1942, il vit et travaille à Marseille. La sculpture est son premier moyen d’expression, mais l’installation, la vidéo, la performance et l’écriture ont aujourd’hui pris une place entière dans son processus créatif. Ainsi, sa recherche se présente comme une œuvre globale portant sur de grandes causes autant que sur de petits plaisirs et se décline au travers de ces différents mediums.